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La dématérialisation, levier écologique ou de rentabilité des entreprises ?
Alors qu’il est de bon ton de rouler électrique et de confier ses selles à la sciure pour faire face aux désastres écologiques, nous sommes en droit de nous demander si la digitalisation de la société a, ou non, un impact positif sur le climat.
L’énergie électrique : une ressource nécessaire à la dématérialisation
En premier lieu, lorsqu’on évoque le sujet de la dématérialisation, on sous-entend une puissance de calcul suffisante pour répondre aux besoins des utilisateurs, par exemple :
- Afficher sur un écran (fixe ou nomade),
- Rechercher, indexer de l’information,
- Stocker (des données, des événements, du son, de la vidéo, des images…)
- Interconnecter les différents réseaux
- …
Ainsi, la dématérialisation engendre inexorablement une consommation électrique proportionnelle à ce qu’elle apporte comme confort.
Petit rappel, pour produire de l’énergie électrique, il faut transformer une énergie existante ou transformer de la matière. Dans le premier cas, on parle d’énergie renouvelable (l’eau, le vent, le soleil), dans le second cas, de pollution (charbon, pétrole, gaz, nucléaire …). Les énergies renouvelables ont le grand avantage de ne pas polluer, mais la nature est capricieuse, la production électrique dépend de son bon vouloir. Exception faite pour la production hydroélectrique qui offre, par le biais de barrage la possibilité de contenir les ressources, et par conséquent de produire l’énergie lorsque la demande est la plus forte (souvent d’ailleurs, dans un souci de rentabilité).
C’est actuellement, la seule énergie capable de concurrencer la production fossile et nucléaire. Par exemple l’une des plus puissantes centrales électriques au monde se situe en Chine avec une production de 22’500 Mw (le barrage des Trois Gorges). La situation mondiale s’illustre par le graphique ci-dessous avec une consommation électrique en hausse. Le podium de la production se répartit comme suit :
- Médaille d’or pour le pétrole depuis plus de 40 ans
- Médaille d’argent pour le charbon (en perte progressive au profit des 5 autres sources)
- Médaille de bronze pour le gaz
Depuis le début de l’ère industrielle, nos sociétés consomment l’électricité de manière prédictive et planifiée. Lorsqu’il fait trop chaud, on allume la climatisation et nous sommes naturellement soumis à un fonctionnement plus ou moins contraignant d’emplacement et d’horaire de travail. Le besoin d’électricité est lié à ce paradigme et n’a cessé de croître. Nous sommes incapables de revenir dans un mode de travail basé sur le temps qu’il fait et de changer ce fonctionnement. Notre unique choix est une production électrique prenant en compte les besoins du monde moderne. Ce qui, actuellement, exclut tout espoir de changer le podium de la production électrique. L’empreinte énergétique de la dématérialisation est en lien avec l’empreinte carbone de la production électrique. Cependant dire que : plus on digitalise/dématérialise, plus on est dépendant de l’électricité, plus on pollue, est un raccourci très réducteur.
La dématérialisation : est-ce vraiment une économie de papier ?
Qui dit dématérialisation, dit alternative au papier. Les systèmes de gestion électronique de documents ne le suppriment pas et permettent, plutôt, de réduire son utilisation. Au-delà des systèmes de GED, les initiatives de signatures électroniques, de formulaires en ligne, plus généralement de « non-papiérisation » des actes de gestions métier ou d’échanges client-fournisseurs (factures, commandes, bon de livraisons, déclarations, souscriptions d’abonnement …) sont d’excellents moyen de s’en passer. Le graphique ci-dessous illustre bien la situation mondiale. Le papier journal et le papier d’imprimante est en constante diminution depuis un peu plus d’une dizaine d’années. En augmentation, les produits d’emballage (il suffit d’acheter des produits en Chine pour comprendre la raison.)
Il est difficile d’affirmer que la dématérialisation ait un impact écologique positif sur la production mondiale de papier. Depuis ma tablette je peux commander des dizaines d’articles à l’autre bout de la planète sans imprimer un bon de commande, mais celui-ci sera largement compensé par les emballages des produits commandés. Le gain d’un côté est compensé par la perte de l’autre.
La dématérialisation est d’abord et avant tout une approche économique et une recherche de rentabilité. Ceci est nécessaire pour assurer la survie de nos entreprises et des emplois dans un monde à la compétitivité croissante. Ceux qui pensent dématérialisation aujourd’hui, seront encore là demain.
Il est intéressant de constater, qu’après la crise économique de 2008 la production d’énergie et de papier a chuté pour reprendre aux alentours de 2010. Il semble qu’il existe un lien entre la santé économique mondiale, la production énergétique et la production de papier. Autrement dit : plus l’économie va bien, plus on consomme, plus on produit et il semble raisonnable de dire : plus on pollue …
En s’arrêtant à ce constat, nous pourrions dire que la dématérialisation n’est pas bonne pour l’environnement et qu’il ne faut surtout pas s’y lancer si on a l’âme écolo. Ce serait une conclusion beaucoup trop hâtive.
D’une part parce que l’indépendance face à la matière offre la possibilité d’effectuer son travail depuis n’importe où et de préférence chez soi. Ces solutions dématérialisées en complément d’une politique organisationnelle adéquate permettent de réduire de manière substantielle les déplacements professionnels. Ce qui laisse rêveur au regard de la statistique de production d’oxyde d’azote (NOx) ci-dessous dans le secteur des transports routiers et aériens.
D’autre part, les solutions modernes offrent aujourd’hui de multiples approches en mode hébergé. A l’instar du covoiturage, l’époque où chaque entreprise avait son propre datacenter hyper-puissant, hyper-consommateur en énergie, capable de gérer les pics annuels de charge de calcul peut être révolu en optant pour des datacenters hébergés par le biais de solutions IaaS, PaaS ou SaaS afin de mutualiser les ressources pour les utiliser lorsque c’est nécessaire.
Enfin, les entreprises et les organisations ayant déjà fait le pas, certaines depuis la fin des années 1980, ont éliminé leurs archives papier et créer de nouveaux espaces de travail. Sans cette démarche de dématérialisation et de gestion électronique de documents, elles auraient été contraintes de construire de nouveaux bâtiments ou de consacrer / sacrifier des locaux, voire même des étages aux divers traitements, manutention et stockage de dossiers sous forme papier, ce qui aurait, aussi, eu des conséquences sur l’écologie.
La réalité durable de la dématérialisation
En optant pour une stratégie de dématérialisation vous répondrez aux besoins de rentabilité et de compétitivité de votre entreprise. Afin d’améliorer votre empreinte carbone sur la planète, ces solutions vous apporte une multitude d’approche permettant d’aller dans le bon sens : télétravail, réduction des déplacements, rationalisation énergétique, rationalisation des espaces de travail … Les économies faites ouvriront, si vous le souhaitez, la possibilité de réinvestir, même partiellement, dans des programmes éco-responsables.
La dématérialisation s’inscrit dans une démarche plus globale de transformation numérique permettant entre autres d’accélérer, de simplifier, de fluidifier et de décentraliser les processus administratifs. Ce qui engendre des améliorations en termes d’expériences clients et utilisateurs tout en offrant l’opportunité de réduire considérablement les énergies grises (l’énergie indirecte nécessaire aux processus métier ou de fabrication).
En conclusion, il n’y a pas de réponse triviale à la question : écologie et dématérialisation. Nous pouvons raisonnablement espérer que la somme des plus et les somme des moins donnent actuellement un bilan neutre et très probablement positif dans un futur plus ou moins proche. La vraie question à se poser : « Peut-on se passer de la digitalisation et de la dématérialisation ? La réponse est claire : pour garantir l’avenir aux générations actuelles et futures, notre société, nos entreprises doivent enclencher la transformation numérique.
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